dimanche 28 mars 2010

ROADSWORTH




S'il y a vraiment un mode d'expression qu'on peut qualifier de STREETART, c'est bien celui de ROADSWORTH.

Une grande partie de son travail consiste à détourner les signalisations urbaines ou routières. Bien d'autres le font mais peu l'égalent.

Peter opère au Canada, en particulier à Toronto et à Montréal, où il s'est fait serrer, suscitant un débat sur l'aspect criminel ou pas du STREETART lorsqu'il concerne non pas des biens personnels (qu'il faut respecter, c'est un fondement de la démocratie) mais des espaces publics ou des mobiliers urbains.

Ses oeuvres sont souvent poétiques et porteuses de sens, contrairement à beaucoup de tags qui émanent souvent d'auteurs qui font passer leur narcissisme avant tout message ou recherche de beauté. Son discours à lui, que je partage, c'est que les autorités tolèrent quasiment partout des publicités polluant notre regard tout ça parce qu'elles génèrent de l'argent alors que les interventions artistiques sont systématiquement poursuivies, surtout lorsqu'elles adressent aux passants-consommateurs un véritable message non lucratif.

La question a se poser, c'est: pourquoi un citoyen est-il prêt à braver des tas d'interdictions qui peuvent lui coûter cher, à prendre des risques parfois physiques, pour exprimer un geste artistique souvent éphémère en direction de gens qu'il ne connaît pas et qui pour la plupart ne mettent jamais les pieds dans une galerie ou un musée?

Vous avez peut-être une autre réponse que la mienne mais moi je pense que les street artistes sont des résistants. Des résistants contre les restrictions croissantes et pas toujours justifiées des libertés, entre autres la liberté d'expression. Des résistants contre la mainmise sur l'Art par des béotiens fortunés. Et surtout des résistants contre la montée du fascisme consumériste et ses collabos: marketeurs, banksters, manipulateurs des média et autres cambrioleurs de nos cerveaux qui vont finir, si ce n'est déjà fait, par totalement dévorer notre libre arbitre.

(lien article de Julie binet sur Roadsworth)

dimanche 21 mars 2010

ECONOMY PARASITES



Cette semaine, je suis passé à la librairie de Beaubourg après l'expo Lucian Freud et je suis tombé sur un bouquin qui m'a donné envie de vomir.

Il traitait du design management. En gros, en tentant de traduire des termes baudruches ne voulant pas dire grand'chose, il se proposait d'apprendre à des bacs +2 issus d'écoles de commerce et de marketing, une méthode leur permettant de diriger une équipe de créatifs. Et par la même occasion d'en devenir un soi-même en quelques heures de lecture.

Comme si quelqu'un sans imagination pouvait apprendre à devenir un créatif avec un pauvre bouquin. On est créatif ou on ne l'est pas. En clair, il n'existe pas de méthode pour faire d'un âne, un cheval de course.

Pourtant, depuis quelques années, des tas d'écoles privées proposent cette mutation qui fait tant rêver ceux qui chantent tous les matins devant leur glace: j'aurais voulu être un artisssssteuuuuh, et pouvoir faire mon numérooooo.

La réalité, c'est que ces métiers intermédiaires de chefs de produits et autres responsables de marketing ou "design managers", en ayant la prétention de remplacer ceux qui ont vraiment les bonnes idées et en rassurant les chefs d'entreprises par leurs discours formatés flattant le mythe du toujours plus de rentabilité, ont peu à peu tiré vers le bas tous les produits de notre quotidien, cuisinant avec beaucoup d'approximations et d'amateurisme, une espèce de soupe grisâtre et sans âme.

Non contents d'être cantonnés aux yaourts et croquettes pour chats de la grande distribution, ces spécialistes du remplissage de tableur et des compte-rendus et briefs de réunions, ont peu à peu envahi tous les secteurs, semant autour d'eux une médiocrité molle qui finit par démotiver ceux qui dégagent vraiment de l'énergie créative. C'est sans doute une des explications de la perte du leadership français dans la plupart des secteurs porteurs.

On est de plus tombé dans un cercle très vicieux: ces métiers flattent les bas instincts du consommateur en ne lui offrant que de la merde dans de jolis packagings le tout fabriqué à pas cher, et du coup, accélèrent la délocalisation. Les nouvelles marges occasionnées par l'exploitation de ces mains d'oeuvres lointaines vont à leur tour pouvoir financer de nouveaux postes de ce type: des cadrillons aux discours formatés qui vont continuer de tout tirer vers le bas pour justifier leurs postes.

Mais le temps ne donne jamais raison à ces profils. La preuve: ils restent en général autour de deux ou trois ans dans la même boîte. Virés soit parce qu'on finit par mesurer leur incompétence ou leur imposture, ou qu'un(e) plus salopard attiré par le bon salaire et l'absence d'effort, leur a piqué leur place. Ou bien partant d'eux mêmes pour continuer ailleurs leur plan de carrière-coquille vide, avant que ça ne sente trop le roussi là où ils sont.

Et puis on se rend bien compte que même les plus grands groupes perdent des fortunes et échouent partout où il n'y a pas une vraie conception de produit derrière tout ce vent. Le consommateur n'est pas le benêt qu'ils imaginent.

De plus, cette hyper rationalisation niant l'humain, associée à la manipulation cynique des masses, n'est pas sans rappeler ce qui a autrefois conduit à la formation de trains vers les camps de la mort. Il y a un réel danger dans cette logique qui piétine tout ce qui pourrait élever notre esprit.

Le design et la création, l'innovation, à l'inverse du marketing, ont pour tâche d'apporter du beau et de la nouveauté dans un produit de consommation et ce, de manière raisonnée. Il y a derrière cela, l'idée humaniste du progrès et de l'amélioration de notre monde. La recherche d'une excellence progressiste que seuls peuvent apporter les vrais créatifs, ceux qui ont un univers en tête et la capacité de le mettre en oeuvre.

Concept qui est bien éloigné de tous ces marketeurs à deux balles, cadres parasites de l'Economie, escrocs professionnels, qui finalement ne maîtriseront jamais de l'excellence que le début: Excel.