dimanche 23 septembre 2007

ART IS LONG AND TIME IS SHORT

La dernière fois qu'on s'est eu au téléphone, mon vieil ami Yann m'a annoncé qu'il se remettait à peindre, à dessiner.

On s'est rencontré à Jules Renard, à Nevers, en Arts Plastiques. Depuis, rien, même l'éloignement géographique, n'a jamais érodé notre amitié.
Juste après le bac, il a plus ou moins cessé l'art plastique, trouvant dans d'autres domaines, une autre manière de s'exprimer.
J'ai toujours trouvé ça dommage car de nous deux, il était celui qui avait le plus de bonnes idées à la minute.
Donc ça me fait vraiment plaisir, mon Yann, que tu t'y remettes. Tu as en toi un vrai univers artistique qui ne demande qu'à prendre forme.
Et puis, comme ça, tu diras aussi définitivement merde à tous ces profs beaucoup trop conformistes et provinciaux pour pouvoir te comprendre à l'époque...

Et, après tout,

"le dernier effort de l'art, c'est de faire faire aux hommes ce qu'ils veulent, comme de leur faire connaître ce qu'ils savent" (Maurice Blondel)

En fait, je crois qu'on ne peut pas échapper à son destin, ce vers quoi notre intuition nous conduisait de manière presque obsessionnelle lorsque nous étions enfants. Le lavage de cerveau opéré par l'école puis par la société en général (la pression du conformisme et des peurs qui en découlent), nous en éloigne bien souvent mais il arrive toujours un moment où tout cela nous rattrappe.
Ca commence par des petits signes du quotidien puis, progressivement, par des pensées lancinantes que nous envoient peut-être, (qui sait?), nos anges-gardiens. Et un jour, cela s'est formulé, c'est devant nous comme un évidence.
Ce jour-là est à marquer d'une pierre blanche et il ne reste plus qu'à emprunter le chemin lumineux qui se découvre soudain car il n'y en aura peut-être pas d'autre...

mercredi 19 septembre 2007

IDEAL SON-IN-LAW

L'autre nuit, j'ai croisé un gars que je vois assez souvent laisser des pochoirs dans la ville. C'est pas mal, ce qu'il fait. Je pense qu'il est aux Beaux-Arts. Mais son problème, c'est qu'il se fringue comme un gars qui fait des pochoirs la nuit: battle, van's, sweat avec la cagoule, et encore une casquette qui en dépasse. Pas le top du discret.
D'ailleurs, ça n'a pas loupé. J'ai entendu le ronron d'un diesel que je connais bien: celui du break des bleus. Ils se sont arrêtés à son niveau, sont sortis et lui ont demandé ses papiers. Je n'ai pas assisté au reste, devant continuer mon chemin. J'espère qu'il n'a pas eu trop de soucis.

Moi, ça ne m'est jamais arrivé. Je pratique le camouflage urbain: je m'habille en gendre idéal pour sticker. Comme ça, je n'ai pas l'air suspect. Je trouve ça bien plus marrant. Mon seul soucis est de repérer les cams. Il y en a partout. Aux carrefours, au dessus des musées, des batiments administratifs. Les plus dangereuses sont celles qui sont dans des boules de verre fumé: on dirait des réverbères. Heureusement, elles ne sont pas toujours là où il y a des hot spots (les endroits où un maximum de gens passent et donc voient les stickers)...

Bon, il est presque 10H00, je suis habillé en gendre idéal et derrière ce masque, PERSUSMIX s'impatiente. Je m'apprête à sortir pour coller mes messages downtown.
Une bonne moitié sera arrachée demain matin par les employés de la voirie. Mais si dans l'autre moitié, un seul sert à rendre un passant un peu différent qu'il n'était avant de le voir, alors ma balade n'aura pas été vaine...

samedi 8 septembre 2007

NEVER LEAVE LONELY ALONE

J'écoute "never leave lonely alone" de Ben Harper et je repense encore à mon appel à Thérèse, l'autre soir.
Il y a comme un tsunami de souvenirs qui me remonte de très loin et ça me rend vraiment bizarre, ces réminiscences d'une autre vie.
On a discuté longuement. Elle habite toujours à Nevers et je pense qu'on va essayer de se voir la prochaine fois que je passe là-bas. J'espère qu'elle n'a pas trop changé et qu'on retrouvera notre complicité d'avant.
Je trouve, pour avoir fait déjà l'expérience 2 ou 3 fois que c'est assez dur de revoir des gens qu'on a aimés et avec lesquels on était en harmonie, et de se rendre compte que tout cela est définitivement mort et qu'on n'a plus rien à se dire.
C'est comme si c'était une part de nous-mêmes qui était rongée par la maladie d'Alzeimer.

Dans la foulée de mes recherches (puisque tout le monde se connaît dans nos contrées), j'ai repris contact avec Olivier, avec qui j'ai eu mes meilleurs fous rires en cours, au collège. Avec Nicolas aussi, et puis avec Agnès, une de mes ex qui n'a pas beaucoup perdu de ce qui faisait son charme.

J'avais décidé il y a des années de ne pas me retourner, de ne jamais regarder le passé. Juste le présent et l'avenir. Mais je pense que j'ai eu tort.
Les voix des Morts, dans la montagne, me l'ont fait comprendre.