Il y a quelques temps, j'ai repéré ces interventions de petit bouts de fil laine fixés à cheval sur une fissure, comme un genre de points de sutures sur une blessure murale. Je ne sais pas qui est l'auteur mais je lui tire mon chapeau (en crochet, évidemment).
Cela m'a donné l'envie d'évoquer les street artists qui s'expriment avec le tricot, une tendance forte de ces derniers mois. Il est convenu de dire que le mouvement "yarn bombing" (ou "graffiti knitting") est vraiment né vers 2005 à Houston, avec Magda Sayeg, une charmante texane qui a commencé à décorer sa boutique "Raye" avec du tricot et qui ne s'est plus arrêtée depuis, enveloppant de rayures ou de patchworks tricotés, les poteaux des panneaux, les statues, les troncs des arbres ou les vélos abandonnés dans la rue. Installée aujourd'hui à Austin, elle est à l'origine du mouvement "Knitta please".
Qu'on l'appelle aussi "Urban knitting" , "yarnstorming" ou "woolen street art", voire "guerilla knitting" ce mouvement s'est développé un peu partout, prenant des visages de plus en plus variés et créatifs.
HOT TEA, de Minneapolis, signe son nom avec des fils de laines tendus ou applique des pochoirs sur ces mêmes supports de fil.
Après, on peut être amené à se demander où est la frontière entre woolen streetart et artisanat de loisirs. Ce qui est sûr, c'est que les galeries accueillent depuis quelques années des artistes s'exprimant avec ce matériau (voir Valerie Anne Molnar) mais ce n'est plus mon propos car ce n'est plus du streetart.
Une dernière chose: j'ai remarqué que les street artworks qui restent le plus longtemps sans être arrachés ou nettoyés sont ceux faits avec du tricot. Peut-être le petit côté sacré du tricot fait par maman ou grand-maman?
Alors, à vos aiguilles?
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