samedi 7 avril 2007

REMINISCENCES

Hier j'écoutais, tout en travaillant, une émission à la radio. C'était sur les enfants harcelés à l'école. Comme dans toutes ces émissions, il y avait des témoignages et une psy de service. Souvent, la radio est en fond sonore dans le studio et en fait, on l'entend plus qu'on ne l'écoute. Mais là, je me suis mis à écouter car plus j'entendais les témoignages d'adultes qui avaient connu ça enfants, plus ça commençait à me remuer. Et c'est remonté à la surface...

Les coups, les crachats, les vols de matériel, les cailloux reçus... Ils étaient toute une bande et j'étais devenu leur souffre-douleur. Il faut dire que je n'avais rien pour être comme eux: j'étais trop blond (un vicking), maigrichon (une vraie crevette) et le premier à l'école (je n'avais pas de mal, il y avait une majorité de crétins). Ca a duré pratiquement toute l'école primaire jusqu'à la première année de collège. Que dire de plus? Ils m'ont gaché toutes mes récrés et mes trajets dans le petit village pour me rendre dans cette école que j'aimais bien.

Un jour, en sixième, j'ai cassé la gueule de l'un d'eux près du lavoir, après avoir eu quelques cours d'Arts Martiaux de mon cousin Joël. J'étais comme fou et je pense que ça aurait pu avoir des conséquences regrettables pour celui qui était par terre si une vieille dame du coin n'était pas venue nous séparer. Les autres, n'écoutant que leur courage, étaient déjà partis en courant. Leur petit jeu s'est arrêté ce jour-là...

La plupart sont restés dans mon village et ses environs. Je sais avec délectation qu'ils ont tous des vies de minables. L'un d'eux s'est même tué en bagnole après une soirée dans une boîte de nuit ringarde (quel destin hors du commun!). Je ne reviens pas souvent dans mon bled mais si jamais je croisais l'un d'eux dans un endroit isolé, je me demande si je ne lui ferais pas sa fête car aujourd'hui, je fais 1,80 m et ce n'est jamais moi qui m'écarte sur le trottoir...

Quelle influence ont-ils eu sur moi? Peut-être la fuite des clans et des bandes, d'être toujours un electron libre: jamais là où on l'attend et toujours là où on ne l'attend pas.
Egalement la certitude que c'est par la recherche de l'excellence qu'on se réalise: vouloir être comme les autres, céder à la pression du groupe ne mène à rien sinon à sa propre négation.

J'ai ce qu'ils n'auront jamais et je crois qu'ils étaient violents avec moi à l'époque parce qu'ils s'en étaient rendu compte bien avant moi...

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