lundi 22 octobre 2007

PLANES

Ce matin en sortant, il faisait assez froid (Un peu comme "THE DAY AFTER", vu la veille) et la luminosité, les odeurs m'ont rappelé ces matins d'hiver, très tôt, lorsque j'attendais le bus pour aller du village au collège puis, plus tard, à Jules Renard.
C'était juste devant la pierre brute où est inscrit le nom du groupe scolaire Guy Môquet (en l'honneur de ce jeune homme mort exactement un 22 octobre pour avoir cru lui aussi en la liberté).
Souvent ces matins-là, pendant que je grelottais, passaient dans le ciel des avions à très haute altitude, leurs trainées rendues très brillantes par la lumière du soleil levant. Et, pour me motiver, je me disais: ce bus, c'est ta carte pour pouvoir un jour être assis, qui sait, dans un de ces avions qui te mènera là où tu rêves d'aller.

Il m'arrive maintenant de penser à ça parfois, quand un avion qui me conduit vers un de mes clients passe au dessus de ma région natale. Je me dis que si ça se trouve, il y a en dessous un(e) collégien(ne), un(e) lycéen(ne) de mon village qui se dit ce que je me disais à cette époque en regardant passer l'avion, duquel j'essaie désespérément de reconnaître la colline qui a perdu toute son altitude vue de si haut.

Aujourd'hui, j'ai eu un message de Thérèse et forcément, un bref instant, en cette fin de journée, je m'imagine à nouveau à la place de ce collégien ou lycéen qui va s'installer au fond du bus, là où on rigole le mieux.
Et comme lui, je ne me rends pas compte que ces habitudes, ces gestes répétés, ces signes, ces bises, ces regards, ces rires, sont des moments d'exception qui s'envoleront très vite, car cette période où tout était possible est finalement une parenthèse si courte au regard des années qui passent...

2 commentaires:

facultatif a dit…

Tu as fais remonter plein de choses à la surface!
J'ai de très bons souvenirs du bus avec toi, l'attendre (je me souviens curieusement moi aussi d'un froid glacial et d'un très grand soleil, devant Jules Renard, et ce bus qui n'arrive pas, les pieds gelés-gelés-gelés, et heureusement tu es là, tu souris toujours, pas de place pour la mauvaise humeur), subir l'inspection odieuse et chewing-gumeuse du bouledogue à lunettes fumées, monter enfin et continuer au chaud à rigoler, discuter, discuter, rigoler. T'as raison, qu'est-ce que c'était bien... vu de maintenant! Que c'est loin...
Merci pour ce texte, Monsieur Persusmix. Merci pour les petits playmobils aussi. Merci... de continuer à résister!

adalaberus a dit…

Ce n'est pas si loin que ça, finalement, non?
Continuer à résister, c'est:
-ne pas renoncer en se disant qu'on n'a rien à perdre à rester curieux et inventif,
-que rien n'est jamais cristallisé et définitif
-que la peur, l'angoisse de l'échec, ces petites soeurs de la Mort, ne sont qu'une invention des conservateurs et des ennuyeux pour empêcher ceux qui ont des ailes de prendre leur envol...

Parfois je me dis que ces moments dans le bus avec toi sont comme un film sympa qu'on a mis sur pause en ayant perdu la zapette... Bon, je la cherche, elle est peut-être tombée sous le canapé...

PS: trouve-toi un pseudo: "facultatif", ça ne te va pas du tout!!!

bises